RAPPEL : avec le pass Culture & ADAGE j'anime des ateliers scolaires : Porter sa voix - Expression sonore - Séance d'écoute publique. 💌 Contactez-moi
Le Nantes Podcast Club est sur pause. Néanmoins, nous avons toujours quelques sujets sur le feu :
- Le recensement participatif des podcasts nantais.
- La création d’un ou des événements pour mettre en lumière l’ensemble de nos approches sonores.
- Une éventuelle structuration de nos rencontres mensuelles autour d’un projet ou d’une idée commune.
Sur ce dernier point, cet été m’a donné l’occasion de réfléchir.
J’ai fait les comptes dans nos rangs. Il y a parmi nous des gens avec des pratiques, des objectifs et des exigences bien différentes (et c’est très bien). Pourtant, nous avons collectivement senti la nécessité de nous rassembler une fois par mois depuis un an !
Alors pourquoi ?
Le podcast est un phénomène né du web qui fonctionne par vague depuis plus de deux décennies. La deuxième moitié des années 2010 a vu son industrialisation avec l’émergence des hébergeurs qui en ont simplifié la production. Puis des dizaines d’agrégateurs ont élargis les possibilités d’écoute.1 Super. Et alors ?
De plus en plus de monde aime le podcast et en fait. C’est une bonne nouvelle comme activité culturelle qui intéresse aussi les pouvoirs publics.2
Pour autant, y a-t-il une structuration sociale de ce secteur ? La réponse est non ! En tout cas, je n’en vois pas. J’y reviendrai.
Du côté des grands acteurs du web c’est le statu quo voire l’abandon.3 Et, je n’ai pas grande confiance quant à leur attitude tant que ça ne leur coûtera rien.
Sur le plan économique, les studios les plus “en vue” commencent à donner de sérieux signent de faiblesse.4
Ne s’en sortent que les acteurs du service public. (ARTE Radio et Radio France). Je schématise.
Et pourtant…
Il ne faudrait pas oublier les succès. Parmi lesquels podCloud, qui depuis 12 ans maintient le plus grand catalogue francophone de podcasts. Quant à l’association Badgeek qui depuis 3 ans développe Vodio.fr, une solution d’hébergement libre et gratuit. Elle lance le festival PodParis, un évenement qu’on espère central pour les années à venir.
Le tout, sous le regard des communautés internet de fanfiction, de saga MP3, de streetcast et bien d’autres.
Et enfin la montée en puissance des auditeur·ices, toujours plus nombreu·ses grâces au réseau mobile. Le terme québécois de “balado diffusion” a pris tout son sens.
Tout cela a-t-il permis l’émergence de phénomènes culturels et/ou de société ? Sûrement. Des 2017, les médias non radiophoniques ont rapidement compris l’intérêt de ce format de diffusion. Citons par exemple le mur des podcasts de Ouest-France.
Aujourd’hui, le podcast est à la fois un territoire de libération de la parole, de liberté journalistique, de promotion du savoir, de création et de distraction. Rien que ça.
Parlons d’innovation et d’avenir
Sur le plan technique, les pistes initiées par Ad Aures promettent des perspectives alléchantes : transcription, chapitrage automatique, moteur de recommandation, publicité sans cookies, mesure d’audience, géolocalisation et cataloguage etc. Le tout en open source s’il vous plait. Bref du lourd.
Sur le plan éditorial, cet été j’ai repéré Destination Podcast une initiative intéressante dont le Nantes Podcast Club pourrait s’inspirer.
Du côté social et de la vie économique des auteurs et autrices, je ne vois RIEN venir. (Et ce n’est pas faute de chercher). On en est encore au chacun pour soi, au gré de son propre réseau et autre opportunité de marché. Pire, ce sont les producteurs les plus riches qui dictent toujours leurs conditions. C’est d’autant plus navrant, que sans les auteurs et autrices : PAS DE PODCAST.
Aujourd’hui, se lancer seul est un investissement personnel important, ingrat et extrêmement précaire. Il nous appartient donc collectivement de réfléchir aux meilleurs moyens de rassembler les forces à l’échelle de la ville et sûrement au-delà.
Pour aller plus loin…
Je vous conseille l’écoute de ce podcast qui dresse un portrait précis de la situation en France.
Tous concurrent ?
Tant que nous ne prendrons pas collectivement la question du statut des créateur·ices à bras le corps ; la logique de la concurrence règnera. Non pas sur la qualité des podcasts proposés, mais sur leur capacité à faire du chiffre d’écoutes en espérant une hypothétique monétisation comme seul critère de viabilité.
En d’autres termes, une massification de productions sans saveur, gratuites et basées sur notre volonté de survie. Ça fait rêver.
Le podcast dit “natif” n’est pourtant pas condamné si nous nous engageons à vouloir RÉMUNÉRER DU TRAVAIL AU LIEU DE RÉMUNÉRER DE LA RENTE. Arrêtons d’espérer un résultat sonnant et trébuchant selon le bon vouloir de studios peu scrupuleux (et fragiles) ou de plateformes qui n’hésiteront pas à nous lâcher à la première difficulté.
Arrachons nous-mêmes un statut de travailleur·euses, nous en avons largement les capacités.
-
Exemple avec mon podcast. ↩
-
Cet été, J’ai encore reçu un questionnaire du ministère de la culture à propos des auteurs. ↩
-
Voir le cas de Google Podcasts cet été. ↩
-
Voir le cas de Paradiso Media et Binge audio cet été. ↩
Ce sujet vous intéresse ? Consultez le tag
:
Podcast
Je m'apelle Dimitri Régnier. J'écris, j'enseigne, je fais du podcast et de la radio. Si cet article vous a plu, vous pouvez me RÉPONDRE ou vous ABONNER pour recevoir mes posts une fois par mois.