Vous aimez mon travail ? Pensez à faire un petit don pour que vive l'expression et la création libre sur le web. Je vous explique.
Le constat
J’ai la conviction que la culture sur internet doit être gratuite. Malheureusement, la société libérale dans laquelle nous baignons ne reconnaît pas cette activité comme un travail à part entière. Travail choisi certes, mais travail tout de même.
Nombre de créateur·ices utilisent des plateformes qui incitent à l’emploi de contreparties. En d’autres termes, à faire valoir un résultat dans le cadre d’un échange marchand.
Or, un artiste ou un créatif passe du temps à concevoir et à réfléchir et ce temps n’est jamais valorisé.
Convaincu de cette idée il y a 4 ans, j’ai cherché à promouvoir mon travail de création et de réflexion à travers ce blog, mais il manquait un outil pour me soutenir à long terme.
C’est là que j’ai trouvé Liberapay dont la philosophie semblait répondre à cette question : comment permettre à des personnes qui adhèrent à mon cheminement de m’encourager ?
L’univers du libre m’a apporté la solution. En effet, développer un service ou un produit numérique demande du temps, parfois plusieurs années. Ce travail nécessite un accompagnement financier. Ce qu’autorise Liberapay.
Voyant cela, je me suis dit qu’un processus créatif n’était pas si différent d’un logiciel.
La production culturelle sur le web s’est fait voler la petite relation transactionnelle qu’il peut exister entre un·e créateur·ice et son audience.
Depuis 2005, des centaines d’intermédiaires se sont installés tranquillement sous prétexte de donner à voir et à valoriser : Deezer ou Spotify pour la musique, Ausha ou Acast pour le podcast, Amazon pour les livres etc… et je ne vous parle pas des réseaux sociaux, dont ce dessin humoristique résume bien la situation.

Ce dessin montre bien que ces entreprises sont des parasites.
Et tout ça pour quoi ? Parce que c’est pratique ? Si encore tous ces “intermédiaires” jouaient le jeu. Hélas, ce n’est plus le cas. Spotify est sûrement le champion. 1
Le pire c’est que non seulement les artistes ne reçoivent que des miettes de ces plateformes, mais en plus ces dernières sont à peine rentables !
Alors vous allez me dire : “t’es mignon là à chouiner, tu n’as qu’à ouvrir un Patreon ou un Tipeee.” Selon moi le crowdfunding ou assimilé ne résout rien. En effet, il applique les mêmes règles sous forme de préventes, mais le travail n’est toujours pas rémunéré.
Par ailleurs, j’y vois un problème flagrant : la multiplication concurrentielle des demandes de financement relayées sur des réseaux conduit à deux choses :
- l’attention des internautes atteint vite ses limites.
- et tous les portefeuilles ne sont pas extensibles.
Or certaines personnes souhaiteraient peut-être soutenir par générosité, anonymement et dans la mesure de leurs moyens, sans avoir à subir des relances tous les quatre matins.
La clef de la transparence
J’ai indiqué sur ma page Liberapay ce dont j’ai besoin. L’argent sert à payer les frais inhérents à mes activités, et tous les ans j’explique ce que j’en fais dans un billet de bilan. 2
Liberapay est une association à but non lucratif. Si vous ouvrez un compte, vous entrez dans la communauté de ceux qui, soit demandent de l’argent, soit veulent contribuer au commun, soit les deux.
Côté donateurs, promettre un don récurrent est une forme d’engagement. Il choisi la somme, il choisi le temps et la forme (publique ou anonyme) et c’est tout. Il n’attend pas de contreparties.
Il soutient un travail.
Je n’y vois que des avantages. C’est tranquillisant, valorisant et respectueux.
Côté créateur·ice, cela offre un peu de visibilité dans le temps en fonction des besoins. Chez moi c’est modeste, mais rien n’empêche un cercle vertueux de se mettre en place comme je l’explique sur ma page soutenir. 3 Si par bonheur les dons venaient à augmenter, j’informerais mes soutiens comment j’emploie leur argent. Voir je contribuerais à mon tour, cercle vertueux donc.
L’exemple d’un ami
Mon camarade Poirpom développe Naoninja un agenda des sorties à Nantes sous forme de newsletter. Elle fonctionne depuis le mois d’août 2024. 4
Si l’on s’acquitte de l’abonnement annuel (ce que je vous encourage à faire). On achète un service, mais on ne rémunère pas le travail. Or, entre l’investissement d’outils et le temps passé, Poirpom ne s’arrête pas pour autant.
Et de son propre aveu, entre l’idée et la réalisation il s’est déjà écoulé deux ans ! En ouvrant un Liberapay et en documentant sa progression (ce qu’il fait déjà), cela permettrait un financement par d’autres personnes intéressées ou qui veulent juste l’aider.
Le plus triste là-dedans, c’est que faute d’investissement ou d’utilisateurs suffisant d’ici un an, la date d’arrêt de ce projet est déjà programmée. Avouez que c’est dommage !
Par cet exemple, j’illustre l’idée que réduire un projet à sa petite part de rente est bien maigre surtout si c’est nouveau, et je sais de quoi je parle. 5
Et après…
Dans une société idéale, le fonctionnement de Liberapay pourrait s’apparenter à une forme de salaire à vie pour celles et ceux qui contribuent au bien commun. 6
Dans l’état actuel des plateformes marchandes (y compris les réseaux sociaux et les dérives qu’on leur connaît) le modèle de Liberapay a de l’avenir.
Il renoue modestement le lien direct qui peut exister entre quelqu’un qui agit, réfléchit ou propose avec celles et ceux qui pensent que c’est important, voire utile à tous.
Conclusion : dans cet article, j’ai pris l’exemple des créatifs, mais si un cuisinier, un ingénieur, un journaliste ou un universitaire partagent leurs connaissances, pourquoi n’ouvriraient-ils pas un Liberapay ? Si vous êtes dans ce cas, vous savez ce qu’il vous reste à faire.
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Exemple de mon projet d’entreprise en 2016. ↩
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Voir les travaux de Bernard Friot et du Réseau Salariat. ↩
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Je m'apelle Dimitri Régnier. J'écris, j'enseigne, je fais du podcast et de la radio. Si cet article vous a plu, vous pouvez me RÉPONDRE ou vous ABONNER pour recevoir mes posts une fois par mois.