Sur scène, pas de seconde chance

Publié le 23 octobre 2017

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Ma prof de théâtre disait toujours :

“Sur scène il n’y a pas de seconde chance.”

Bonjour, 2e épisode des chroniques du Mégaphone sur le leadership, l’entrepreneuriat et la créativité.

Mercredi soir j’ai eu la chance d’être invité par SolidSkills pour me prêter à un exercice que je connais bien et que je n’aime pas beaucoup, pour son aspect normé et codifié qui empêche l’orateur de faire circuler naturellement ses idées. Je veux parler du pitch. Paradoxalement, c’est un exercice qui me plait bien plus, dès lors que je ne suis pas contraint par la forme, notamment par l’utilisation d’un support visuel auquel je ne crois pas. J’en ai d’ailleurs fait le sujet d’un article que je vous mettrai en description.

J’ai pu observer comment mes partenaires entrepreneurs ont abordés cette exercice et je vous livre ici mes observations. Parlons d’abord du contexte. SolidSkills s’est amusé à détourner le concept du pitch en l’organisant dans un bar, le Game Over à Nantes. Un shot de vodka était offert aux speakers, une façon amusante et conviviale de dédramatiser l’exercice. Chacun notre tour, nous devions boire un shot et présenter notre projet ou entreprise devant un auditoire composé d’une quarantaine de personnes.

Si je devais faire une analogie entre cet exercice et la vie réelle, je dirais qu’un pitch c’est un peu comme un première rencontre amoureuse.

Qu’on le veuille ou non, l’objectif est de donner la meilleure image de soi possible, et comme vous le savez dans ce contexte, il n’y a pas de seconde chance.

C’est pour cette raison que nous nous préparons, mettons nos plus beaux habits etc. avec cette agréable sensation de frisson.

Est-ce que je vais réussir à plaire à l’autre personne ?

Aborder une séance de pitch, c’est exactement la même chose. L’objectif est de donner la meilleure image possible de son projet en une fois. Si vous ratez la rencontre entre vos idées et une audience, c’est fichu.

Je vais vous paraître un peu sévère mais mis à part un seul entrepreneur, aucun autre n’a suffisamment mesuré l’enjeu d’un pitch. C’est à la fois un contexte, des contraintes techniques ou non, mais c’est surtout une forme, un corps qui parle.

Vous remarquerez que je ne m’intéresse pas aux personnes. En effet, un bon pitch ce sont d’abord des idées portées haut et fort. L’audience ne vient pas à la rencontre d’une personne, mais elle attends d’être ébloui par un projet. C’est au corps du speaker d’être la caisse de résonance et le porte-voix.

Les porteurs de projets ont hélas tendances à l’oublier et pensent que l’audience les juges. C’est faux. Comme au théâtre, une audience ne juge pas, elle attend et espère quelques chose va se produire.

N’ayant pas assez mesuré l’enjeux d’une bonne prise de parole, les entrepreneurs ont pratiquement tous traiter leur pitch sur un ton quotidien et neutre comme une conversation avec une seule personne. Du coup, l’impact sur l’ensemble de l’auditoire en a été considérablement amoindrie.

Le public devait parfois tendre l’oreille pour comprendre de quoi il s’agissait. Dans mon jargon d’ancien acteur cela s’appelle maltraiter un public.

Et oui, chaque personne qui a fait le déplacement mérite d’entendre, y compris celle du fond qui est a coté d’un bar bruyant. Voilà le véritable enjeux. Capter l’attention de l’ensemble de l’audience, pour maximiser l’impacte de son pitch car la nature nous a donné un don unique qui n’appartient qu’aux hommes. La parole.

Hélas, beaucoup de mes amis entrepreneurs ont oubliés mercredi soir que la nature leur à aussi donner un corps pour porter cette parole.

S’effacer derrière un microphone est sans doute la dernière chose à faire pour porter un propos. Je terminerai donc sur un conseille aux entrepreneurs et aux speakers : apprenez à vous servir de votre instrument corporel, car le public ne juges pas votre personne. Il ne faut donc pas en avoir peur. Il veut juste vous entendre et être ébloui.

Comme pour un premier rendez-vous, sachez écouter ce que vous recommande la nature, et vous provoquerez une belle rencontre entre un auditoire bienveillant et vos idées.

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Je m'apelle Dimitri Régnier. Je suis auteur radiophonique indépendant. J'écris, j'enseigne, je fais du podcast et de la radio.
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